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Blog de critiques cinéma et séries taillées dans le vif


Logan

Publié par Isaac Ruder sur 15 Mars 2017, 15:40pm

Catégories : #critique, #films, #cinéma, #Drame, #politique, #super-héros, #Logan, #Wolverine, #Marvel, #Action

Il avait la rage dans le regard et la fatigue en cicatrices sur le corps.

Il a traîné sa carcasse pendant plus d'un siècle, le loup de Marvel, et 2026 sera son cri final. Marvel a frappé fort avec Logan, autant le dire de suite. On est face à un des meilleurs films de super-héros, une audace politique, à mi-chemin entre le road movie façon Mad Max et le western dystopique. 

L'objectif? Sauver une jeune fille, Laura, des griffes de la section militaire expérimentale américaine, et l'amener au Canada, pour y être en sécurité (ça ne s'invente pas). Une gamine née dans un complexe scientifique, et qui s'avère être la fille de Logan, avec les mêmes particularités tranchantes, sauf que les pieds s'y mettent aussi. Autant vous dire que ça déménage.

Amérique du futur

Les Etats-Unis dépeints dans Logan ont autant de charme qu'une roulette russe proposée le couteau sous la gorge. Le désert texan dans lequel Logan est isolé avec Caliban, le mutant albinos et le Professeur Xavier, cloîtré dans un vieux silo et atteint de démence, n'est pas hospitalier. Passé une introduction pendant laquelle une bande de gringos tente de voler la roue du loup peu enclin au pacifisme, on se retrouve dans cet environnement désespéré, avec Logan qui drogue Xavier de force pour l'empêcher de répéter une pile et figer le temps autour de lui. On devinera plus tard que le Professeur, certainement pris de folie, a éliminé une bonne partie des mutants, peut-être avec Cerebro: difficile de savoir car Logan est un film aussi mystérieux que sombre.

L'Amérique du futur ressemble quand même méchamment à un mauvais délire post-Trump. La seule famille noire adorable du film, qui héberge les héros en cabale, se fait harceler par des propriétaires blancs bien rednecks, qui ont visiblement envie de jouer du fusil et se rappeler une vieille époque que le pays de l'Oncle Sam aurait dû jeter à la poubelle depuis longtemps. 

L'atmosphère est absolument infecte, les villes ressemblent à un Blade Runner avec des néons qui attaquent dans tous les sens et un jusqu'au-boutisme du capitalisme qui fait des villes des attractions et des supports à publicité. On trouve d'ailleurs Logan en chauffeur de limousine pour bourgeoises délurées insupportables, et autres types louches issus du meilleur de Bret Easton Ellis. La nature, elle, reste inviolée, et le passage dans le Dakota du Nord fera respirer après cette succession de déserts et villes illuminées par l'indigence.

Transmission ou abandon

Dans cet enfer terrestre, pas étonnant que Logan se ballade avec une balle en adamantium, histoire de se faire péter le caisson à un moment où il ne supportera plus rien. "The world is no longer what is was" dit-il à Xavier, et on constate bien cela. Logan est un film dystopique, dans lequel les mutants, désormais en faible nombre, sont traqués pour servir d'arme au gouvernement américain, que l'on devine plus impérialiste que jamais. Un monde où la différence est finalement écrasée sous la botte de l'intransigeance.

Au coeur de ce chaos, pas de place pour les sentiments. Logan lui-même est violent avec Laura, comme s'il ne voulait pas la reconnaître comme sa fille. Un autre symbole d'individualisme dans cette époque de l'individu-roi pourrait-on dire. De fait, le chacun pour soi est de rigueur, même si Logan et Xavier sont soudés comme jamais, dans une relation souvent drôle. Car les deux sont finalement les derniers des X-Men, les plus anciens, et ils se comprennent autant qu'ils s'agacent mutuellement. Xavier tente de faire accepter Laura à Logan, et il tente également de lui faire entrevoir une nouvelle possibilité de bonheur, tandis que Logan persiste à vivre dans la déprime et l'angoisse, la balle dans la poche.

Logan est donc plus que jamais un film sur la transmission. La transmission ou l'abandon précisément. 

Transmission des aînés vers la future génération ou abandon et mort? Logan est un film qui parle d'un futur noir, le nôtre peut-être, et qui met en scène des protagonistes qui ont tous décidé de renoncer, sauf cette famille de paysans qui se fera tuer. Le gouvernement a perdu son âme et exploite des enfants, les gens semblent se noyer dans la fête et la luxure, et les mutants tentent de survivre tant bien que mal. Le monde est froid et perdu, et les enfants que Logan rencontre à la fin sont autant de symboles d'un futur possible. 

Une vision terrible mais qui devient optimiste à la fin du film. On pourra dire que Logan est parfois longuet, mais c'est qu'il met en avant chaque séquence, prend le temps de faire comprendre son message et la problématique qui habite son anti-héros. La fin, peut-être trop américaine, est un sacrifice de Logan pour sauver sa fille et le reste des enfants. Un combat final contre un clone de lui-même, plus jeune et puissant, que sa fille achèvera d'une balle dans la tête - celle de la poche vous vous souvenez? - trop tard malheureusement, le vrai Logan étant déjà empalé sur un tronc d'arbre. Empoisonné de l'intérieur, refusant tout soin excepté une drogue qui le booste durant une course-poursuite ultra efficace en forêt - faisant enfin de lui l'homme-loup sauvage de Marvel - il meurt tué par lui-même. Autrement dit, ce qu'il souhaitait depuis longtemps. Une dernière parole - clichée certes - vers sa fille qu'il reconnait enfin, et l'on assiste à la fin d'un mythe, enterré par les enfants dans la belle campagne du Dakota du Nord, la croix renversée pour former le X des X-Men.

Difficile de faire mieux que Logan donc, qui conclut la série dédiée à Wolverine de la plus belle des manières. Un dernier mot sur la violence du film, successeur de Deadpool: le sound design est impressionnant, et entre Laura et Logan difficile de ne pas se sentir soi-même blessé par les griffes qui tranchent des membres et plantent des têtes à la volée. 

A voir? Oui, absolument.

 

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